Au terme de 168 kilomètres d’efforts bouclés en 40h05’22, Mickaël Rialland a décroché une belle 245e place lors du Grand Raid de la Réunion.

C’est l’une des épreuves les plus dures de la planète : la Diagonale des Fous, à la Réunion, entre Saint-Pierre et Saint-Denis, traverse l’île de part en part, du sud au nord, sur les sentiers les plus pentus. C’est l’Ultra Trail dans toute sa splendeur infernale : 10 000 mètres de dénivelé positif sur 168 kilomètres. Derrière les deux vainqueurs de l’édition 2018 François D’haene et Benoît Girondel (23h18), le sociétaire du NMA Mickaël Rialland termine 245e sur 2659 courageux (697 abandons) en 40h05’22.

 

Le récit de son exploit :

Ma course ? Enfin de ce qui me revient, j’ai l’impression d’avoir oublié plein de choses, les souvenirs reviennent au fur et à mesure. Lors du départ il y a une ambiance de folie, je n’avais jamais connu ça. La foule s’étend sur des kilomètres (40 000 spectateurs d’après le speaker). Les premiers kilomètres dans Saint-Pierre défilent rapidement grâce à cette ambiance. Les 15-20 premiers kilomètres passent bien, mais après ça se gâte un peu. Les premiers signes de fatigue font leur apparition, je commence à bâiller, pas trop de sensations en courant. Et surtout ça caille ! (Environ 5° sur les sommets, avec le vent.. pas le temps de s’attarder aux ravitaillements)Le lever du jour a changé la donne. Ça met un coup de boost et c’est un sacré regain d’énergie. La suite jusqu’à Cilaos se passe bien, j’y vais tranquille. Arrivé à Cialos je prends le temps de poser un peu, je passe environ 30 minutes à somnoler. Puis les copains arrivent, je passe du temps avec eux avant de repartir. Le départ de Cilaos a été un peu hard avec de grosses montées en plein cagnard. Il fallait bien gérer son hydratation. Puis arrive un gros morceau, la montée du Taibit, qui finalement s’est bien passée. A partir de là j’ai commencé à avoir de très bonnes sensations, les jambes étaient enfin là ! Jusqu’au haut du Maido ça été le top, que du plaisir.

Ensuite ça a un peu dégénéré dans la longue descente vers Sans-Souci, je n’arrivais plus à m’alimenter et j’ai vomi. Plus je descendais plus mes pieds me faisaient mal. Et avec la fatigue je commençais à avoir quelques hallucinations, dans la forêt avec les ombres je voyais de nombreuses de choses qui n’existaient pas. Arrivé à Sans-Souci je décide d’aller voir une podologue, elle mettra 45 minutes à s’occuper de mes ampoules, irritations et autres. J’ai profité de ce moment pour dormir un peu. Après quoi j’ai réussi à manger, et au bout d’une heure de pause il était grand temps de repartir. Les premiers kilomètres après cet arrêt se passent très bien, les jambes sont là, les pieds aussi, je peux courir c’est le top. Malgré une forte pluie, j’avance bien. La descente vers Possession, dans la boue, est très glissante et cassante. Je prends le temps aux ravitaillements puis je file, mais là il commençait à m’être difficile de courir, le chemin des Anglais sera un vrai calvaire pour moi. Entre la chaleur et le sol, j’ai beaucoup souffert, mes pieds ont recommencé à me faire mal. Arrivé en bas j’étais dans un sale état et l’esprit un peu ailleurs. Après 5 minutes de pause, il était temps d’attaquer la dernière montée, elle se passa nickel (finalement mes pieds ne me font mal qu’en descente, soulagé). Du coup je monte sur un bon rythme sans trop me cramer. Enfin le sommet, plus qu’à descendre sur la Redoute, et là ça n’était pas une partie de plaisir pour mes pieds mais, bien que j’avais mal, j’essayais d’aller le plus vite possible. Le dernier kilomètre, du bas de la montagne au stade a été top, je savais que c’était bon, que je l’avais fait. Les émotions étaient là ! Je vois les copains et Maxou, ça fait du bien de voir des visages connus. Je franchi la ligne d’arrivée et c’était fait ! 

Pour ce qui est du chrono je reste très content même si les 5 minutes au delà des 40 heures sont dommage. En partant je m’étais dit que le premier objectif était de finir (et si possible pas dans un piteux état), le second était de terminer en moins de 48h (ne pas faire 3 nuits dehors) et le troisième en moins de 40 heures, ce serait top. Au final le troisième objectif, je pensais qu’il n’était plus atteignable une fois en bas de la dernière montée, sinon j’aurai peut être forcé un peu pour essayer de l’avoir. Mais pour une première sur cette distance, je suis très satisfait. Il y a encore plein de choses que j’ai à revoir, notamment la gestion du sommeil pour perdre moins de temps, mais ça viendra avec plus d’expérience. Voilà, c’est un peu près tout ce qui me revient pour le moment, j’ai encore du mal à me rendre compte de ce que j’ai fait ! ».