Magnifique ! Quelques mois seulement après ses grands débuts sur la distance, Agnès Raharolahy a décroché ce dimanche à Istanbul la première médaille internationale individuelle dans une grande compétition, dans l’histoire du Nantes Métropole Athlétisme, en prenant la troisième place de la finale du 800 m des Championnats d’Europe en salle, au terme d’une dernière ligne droite époustouflante à montrer dans toutes les écoles d’athlé. Une superbe ambassadrice pour notre Club, qui conjugue talent, abnégation et humilité.

« Il ne faut rien lâcher tant que l’on a pas franchi la ligne d’arrivée ! ». Cette affirmation vieille comme le monde se concrétise à nouveau avec Agnès Raharolahy lors de la finale du 800 m des Championnats d’Europe en salle à Istanbul à ce dimanche. Quatrième à 50 mètres du terme, l’élève d’Emmanuel Huruguen, son coach de toujours, a été héroïque en jetant toutes ses forces dans la dernière ligne droite pour arracher la troisième place et coiffer la Suissesse Audrey Werro (finalement 5e) au poteau. Radieuse. La veille, quatrième de sa demi en 2’01″31, synonyme de qualification au temps, le visage était moins illuminé. La finale était pourtant au rendez-vous.

 

« J’avais le souvenir de ma quatrième place »

Cette finale, la Nantaise l’a tout de suite vécue aux avant-postes. Deuxième au rabattage, parfaitement calée dans la foulée de la Britannique Keely Hodgkinson, Agnès Raharolahy n’est pas avare dans l’effort. Et le rythme n’a rien d’une promenade en famille le dimanche après-midi. Pied au plancher : 28″36 aux premiers 200 m. « La course est partie sur des bases parfaites pour moi : rapides, mais pas trop. J’ai réussi à lancer ma course comme je voulais, et à me placer derrière Keely (Hodgkinson), comme je le voulais ». À l’avant, l’intouchable Hodgkinson mène le train à sa guise (58″22 au 400 m puis 1’28″56 au 600 m) et emmène dans son porte-bagage un peloton de trois athlètes (respectivement la Slovène Horvat, Raharolahy et Werro) qui vont se jouer l’argent et le bronze. Il faut maintenant définir l’ordre exact. Et c’est une arrivée au sprint qui se dessine pour les deux places restantes sur le podium. Werro fait l’effort dans la ligne droite opposée et dépasse la Nantaise de 31 ans. Une position qui n’est pas sans rappeler celle de la finale des France Elite à Aubière il y a trois semaines. « J’avais le souvenir de ma quatrième place de la veille et de celle des France, et je ne voulais surtout pas revivre ça. »

 

 

« J’ai tout donné jusqu’aux derniers centimètres »

C’est dans l’ultime dernière ligne droite que l’ancienne spécialiste du 400 m, qui a de beaux restes en sprint, enclenche la surmultipliée et grignote, centimètre par centimètre. Et dans un ultime coup de rein, se jette pour franchir la ligne en troisième position en 2’00″85, deux petits centièmes devant l’Espagnole Lorea Ibarzabal, revenue aussi du diable vauvert. « J’ai tout donné jusqu’aux derniers centimètres, et ça valait le coup. Derrière Hodgkinson, c’était ouvert. En fonction de celle qui prend des risques ou qui a le plus envie, c’est soit l’une, soit l’autre qui monte sur le podium. Aujourd’hui, c’était pour moi, et j’espère que ça se reproduira à l’avenir ». Sa frustrante quatrième place aux France Elite en salle ne semble désormais être qu’un lointain souvenir. Avec cette breloque, Agnès Raharolahy sauve ainsi l’honneur de l’équipe de France féminine. Hodgkinson (1’58″66) s’offre un deuxième titre européen en salle, devant la Slovène Anita Horvat (2’00″54). Quelques minutes après sa remise de médaille, la Nantaise commençait doucement à émerger. « Je suis contente quand même. Vraiment contente. » On le serait à moins !

 

 

 

Agnès Raharolahy a réalisé une course pleine d’intelligence, en osant prendre des risques. Bien lui en a pris. Oui, on peut terminer quatrième du championnat de France et faire mieux trois semaines après aux championnats d’Europe. Une première récompense internationale individuelle qui n’a rien d’une surprise, puisque chaque jour depuis qu’elle s’est lancée dans ce nouveau challenge du 800 m, elle mesure son potentiel et sa progression. Bien sûr, Agnès Raharolahy a déjà goûté à trois reprises au bonheur de la médaille avec le relais 4×400 m tricolore dont elle faisait partie des piliers (or à Zurich en 2014, or à Prague en 2015 et argent à Berlin en 2018), mais le contexte a changé. Excellente spécialiste du tour de piste depuis ses années chez les jeunes (record en 52″23), après avoir fait en 2021 une courte incursion sur 400 m haies où elle a remporté la médaille de bronze aux France Elite en 2021 à Angers, Agnès Raharolahy a définitivement trouvé sa voie sur le 800 m.

 

Une reconversion réussie

L’hiver dernier, elle avait axé sa préparation sur 800 m par envie de changement et pour s’aérer l’esprit après des années sur 400 m. Mais ses récentes performances lui ont donné des idées pour la suite. Un défi de taille pour la native d’Alençon qui n’était pas une spécialiste de la longue durée en aérobie mais elle sait que toutes ses années d’entraînement lui ont permis de travailler ses capacités à résister au lactique. Une condition sine qua non pour passer les tours et briller en championnats sur le double tour de piste. Les résultats n’ont pas tardé à venir. Championne de France Elite 2022 en salle à Miramas, vainqueure dans plusieurs Meetings Elite mais surtout deuxième derrière Rénelle Lamote aux France Elite à Caen, en passant pour la première fois sous la barre symbolique des deux minutes, en 1’59″59. Un chrono qui lui permet de se hisser au dixième rang des meilleures performeuses françaises de tous les temps. Cet hiver, grâce à un temps de 2’00″83 au Meeting de l’Eure de Val-de-Reuil le 4 février dernier, elle est devenue la quatrième athlète de l’Hexagone la plus rapide en indoor. Rendez-vous désormais aux Mondiaux de Budapest (Hongrie) cet été et à la grand-messe olympique sur ses terres en 2024.

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Crédit photo : Matthieu Tourault