Grandiose troisième et dernière journée aux Championnats de France Elite ce dimanche à Caen où les têtes d’affiche du Nantes Métropole Athlétisme Laura Valette, en or sur 100 m haies (12″99), Agnès Raharolahy, en argent sur 800 m (1’59″59), et Jean-Pierre Bertrand (7,74 m), en bronze en longueur, ont brillé. Très belle satisfaction également pour Rougui Sow qui s’est parée de bronze au saut en longueur avec un bond à 6,41 m le samedi. Récit d’une compétition historique pour le Club des bords de l’Erdre en direct de la ville aux cent clochers.

 

En moins de deux !

Si on devait résumer le bilan du grand rendez-vous national pour le NMA à un titre du rappeur local Orelsan, on sélectionnerait de facto celui de « Tout va bien » : 4 médailles, pour 7 athlètes en lice, dont une dorée. À 16h10 ce dimanche, on a vécu une course dont on n’a pas fini de parler et qui restera comme l’une des plus belles de l’histoire des Championnats de France Elite. Dans un 800 m emmené sur de grosses bases (57″47) par Cynthia Anaïs (3e en 2’01″33) qui a tenu aux avant-postes jusqu’au 600 m mais n’a pas pu résister aux retours des deux premières : Rénelle Lamote et Agnès Raharolahy. L’élève d’Emmanuel Huruguen est restée forte mentalement de bout en bout pour suivre la cadence infernale. Lamote fait arrêter le panneau d’affichage en 1’58″71, nouveau record de la compétition. Au vu du petit écart séparant la triple médaillée européenne sur 800 m de la Nantaise, on sait que celle-ci sorti une perf’ de mutant et qu’elle va renvoyer au fond de la cave son chrono de référence (2’00″60 à Chorzow le 5 juin). Le verdict tombe : 1’59″59 ! Elle devient la dixième meilleure performeuse française de tous les temps. L’objectif chronométrique 2022 de la native d’Alençon était connu de tous : courir le 800 m en moins de 2 minutes. « J’espérais une course avec ce scénario pour avoir juste à suivre. Mon chrono est dû en partie à Cynthia et à Rénelle, ainsi qu’à mon finish de coureuse de 400 mètres. C’est ma première année sur « 8 » donc je suis déjà très contente. Casser la barrière des 2 minutes était mon objectif depuis le début de la saison, avec ma base de vitesse et mon entraînement depuis des années basé sur du 400 m plutôt long. Passer sur 800 m, je savais que ça allait être difficile mais pas insurmontable. »

 

 

S’il a manqué 29 centièmes à la demi-fondeuse nantaise pour s’offrir les minima pour Eugene (1’59″30), ceux pour les Europe de Munich (2’00″40) sont largement en poche. « Je souhaitais réaliser les minima pour les Europe de Munich et aussi je me suis dit « autant tenter également ceux des Mondiaux de Eugene » ». Spécialiste du tour de piste depuis ses années chez les jeunes, après avoir fait l’an passé une courte incursion sur 400 m haies où elle a remporté la médaille de bronze aux France Elite à Angers, Agnès Raharolahy a définitivement trouvé sa voie à 29 ans. « Ça n’allait plus trop sur 400 m, mentalement ça bloquait, et j’avais besoin d’un changement pour retrouver du plaisir à l’entraînement et en compétition. Le 400 m haies m’a aidée à passer à autre chose ». Elle peut rêver de tout sur le double tour de piste. Elle a désormais tous les droits. À l’issue de la finale du 800 m, on cherche nos mots mais ce qui va suivre va nous les faire perdre à tout jamais.

 

L’or à Valette

Il est 17h49 ce dimanche au Stade Hélitas de Caen lorsque deux énormes cris font résonner l’enceinte normande. Laura Valette exulte de rage et de bonheur. Il y a de quoi. Elle vient de remporter la finale du 100 m haies des Championnats de France Elite. Et avec la manière. Après avoir bien jailli des starting-blocks, la hurdleuse de 25 ans a repoussé les assauts des menaçantes Awa Sene et Solenn Compper dans les derniers mètres pour couper la ligne en 12″99 (+1,1 m/s). En tête. En or. Pour la deuxième fois chez les grandes, l’athlète olympienne décroche les lauriers nationaux, après son sacre en 2019 à Saint-Étienne. « Je savais que j’étais bien partie mais je voyais les filles remonter, et à partir de la sixième ou de la septième haie j’avais tellement envie de les lâcher et je suis allée chercher la victoire », nous explique-t-elle en zone mixte, émue aux larmes, alors qu’elle nous avait laissé une belle impression un peu plus tôt dans l’après-midi en séries (13″11).

 

 

Victime d’une rupture totale du ligament croisé du genou droit en fin juillet dernier, la pensionnaire du Nantes Métropole Athlétisme a repris la compétition début mars au Meeting de Paris Indoor et n’arrivait pas à produire les résultats attendus en compétition cet été. Preuve qu’elle n’est décidément pas faite du « même bois » que le commun des mortels, Laura Valette a fait montre d’une force mentale rare et à souligner pour s’emparer du plus beau des métaux. « Ce titre a beaucoup de saveur ! Ça a été une saison galère avec beaucoup de remise en question, franchement c’est juste dingue, j’ai trouvé la force de caractère pour décrocher ce titre ». Laura Valette s’est rapprochée à seulement six centièmes des minima pour les Championnats d’Europe de Munich du 15 au 21 août (fixés à 12″93). « Je pense que je les ai dans les jambes, là dans la course il y a encore quelques fautes techniques mais aujourd’hui j’étais vraiment là pour la gagne ». Malgré l’absence de dernière minute de Cyréna Samba-Mayela, positive au Covid, championne du monde en salle sur 60 m haies cet hiver à Belgrade, le 100 m haies ne manquait pas de densité avec encore trois athlètes plus rapides cet été que la protégée de Richard Cursaz (CTS des Pays de la Loire). L’athlétisme n’a jamais beaucoup aimé les certitudes. Personne ne s’en plaindra. « Je bats des filles qui ont été assez vite ces dernières semaines donc je suis hyper fière de moi ». La championne olympique de la jeunesse en 2014 s’offre une médaille de plus dans l’armoire à trophées déjà bien garnie. Pour rappel, Laura Valette n’a jamais été battue, ni même accrochée, en neuf finales sur les haies hautes (6 titres sur 60 m haies et 3 sur 100 m haies) aux championnats de France jeunes (cadettes, juniors et espoirs).

 

Bronzés !

Sauter dans le sable, un rêve de gosse que Jean-Pierre Bertrand et Rougui Sow font à merveille. Le premier nommé est retombé à 7,74 m (+1,02 m/s) dès son premier essai mais n’ira pas plus loin ensuite. Le triple champion de France (record à 8,08 m), qui s’entraîne sous la férule de Robert Emmiyan, monte sur la troisième marche du podium et peut logiquement nourrir des regrets, la victoire se jouant « seulement » à 7,86 m. De son côté, Yann Randrianasolo a signé sa meilleure performance de la saison avec 7,61 m (-0,5 m/s) en prenant la sixième place du concours.

 

 

Dès le samedi, Rougui Sow était au bout du sautoir. Médaillée de bronze à Angers en 2021, la dixième performeuse française de tous les temps est repartie de Caen avec la même couleur en atterrissant à 6,41 m (+1,6 m/s) à sa sixième et dernière tentative, sa meilleure performance de l’été. « J’apprends à me réjouir des petites victoires et j’espère que ça va se construire petit à petit pour Paris 2024. J’aimerai me rapprocher de mon record personnel de 6,72 m cette saison ! Je remercie mon Club, mes coachs et tous les partenaires qui me soutiennent au quotidien. » Arrivée sur les bords de l’Erdre en septembre 2020, l’athlète de 26 ans a déjà décroché cinq médailles nationales au saut en longueur sous les couleurs du NMA.

 

 

Il y a des quatrièmes places frustrantes et pas du tout réjouissantes. Mais celle décrochée par Lorenzo Ricque, pour sa première finale aux Elite, est loin d’entrer dans cette catégorie. Auteur d’une très belle course dans le temps de 50″88 samedi (record en 50″48) après avoir pris la deuxième place de sa série la veille (51″66), il a été devancé par des concurrents meilleurs et plus expérimentés. Enfin, honorable résultat de Léa Navarro qui s’est classée quatorzième sur le 5000 m en 16’43″50.

 

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Crédits photos : Nantes Métropole Athlétisme